L’idée de ne pas avoir peur, que ce soit sur un tapis de yoga ou non, ne me parle pas. L’idée de vaincre mes peurs non plus. Je comprends et j’apprécie ces concepts, mais ils ne me semblent pas réalistes.
Je préfèrerais changer le discours ainsi : au lieu d’essayer de vivre une vie « sans peurs », j’essaye de vivre une vie où je comprends, gère et réponds à mes peurs avec les bons outils et avec plus de compassion. Je ne me fais aucune illusion sur le fait que mes peurs ne disparaîtront jamais définitivement. Je suis cependant optimiste quant au fait que je peux continuer à m’améliorer, et à mieux gérer mes peurs, afin qu’elles ne contrôlent pas inconsciemment mon comportement.
J’ai d’innombrables peurs, mais je ne vis pas dans la peur. Il y a une différence. Voici une liste partielle : j’ai peur des serpents (oui). J’ai peur des petits espaces clos (vive le souffle court dans les minis ascenseurs). J’ai peur de me baigner là où je ne vois pas le fonds de l’eau. J’ai peur de perdre mes proches. J’ai peur de l’échec. J’ai peur que l’on ne m’aime pas. J’ai peur que l’on m’abandonne. Et j’ai peur que mon style d’enseignement devienne obsolète ou que je ne puisse plus vivre entièrement de l’enseignement du yoga.
J’ai aussi de petits pincements de peur quand je pratique des flexions arrières plus profondes, comme Ustrasana ou quand je suis replongée dans Urdhva Dhanurasana. Classez ces deux postures dans la catégorie des postures que je préfère enseigner plutôt que pratiquer.
La raison pour laquelle je partage tout cela, est que je vois de nombreux élèves se sentir coupables ou honteux, lorsqu’ils pratiquent des postures qui leur font peur en cours. Lorsque nous avons peur de reconnaître et de ressentir nos peurs, cela ne fait qu’empirer les choses. Au lieu d’essayer de « faire semblant jusqu’à ce que vous y parveniez » ou de refouler vos peurs, je vous invite à utiliser votre tapis de yoga, comme l’endroit idéal pour observer vos peurs, et devenir plus habile à les surmonter.
Voici un processus, étape par étape, que vous pouvez essayer de mettre en place :
1. Acceptez-la
N’oubliez pas que la peur est une partie normale et naturelle de la psyché humaine. Ne vous en voulez pas et ne vous sentez pas coupable parce que vous ressentez de la peur – tout le monde a des peurs, sauf les psychopathes peut-être, et vous ne voulez pas être un psychopathe, n’est-ce pas ? Avoir honte de vos peurs ne fera que les renforcer et vous rendra encore moins capable de les gérer.
Cela peut également conduire à un sentiment de solitude, comme si vous étiez la seule personne sur le tapis à avoir peur, et que quelque chose n’allait pas chez vous. Vous n’êtes jamais la seule personne à avoir peur sur le tapis, et il n’y a rien de mal chez vous. Vous avez compris ?
2. Démystifiez-la
Lorsque vous devenez craintif dans votre pratique, essayez de creuser et d’identifier ce dont vous avez réellement peur. Disons que vous avez peur de l’équilibre sur les mains. Faites un autre pas et essayez de comprendre la peur spécifique que vous ressentez, comme la peur de tomber sur la tête. Être plus objectif avec votre peur vous aidera à commencer à la démystifier. Cela commencera à atténuer la peur. De plus, cela identifiera le défi que vous essayez de résoudre.
3. Demandez de l’aide
Demander de l’aide à votre professeur a deux effets : tout d’abord, vous vous soulagez d’une partie de la pression. Vous réduisez le fardeau que vous avez intériorisé. (Et non, vous n’ajoutez pas de fardeau à votre professeur. C’est pour cela que nous sommes là.) Ensuite, vous obtenez de l’aide lorsque vous la demandez ! Votre professeur ne sait peut-être pas que vous avez besoin d’un peu de soutien supplémentaire. Lorsque vous demandez de l’aide, il peut généralement vous apporter le soutien physique et mental dont vous avez besoin.
4. Respirez !
Allongez vos expirations. Allonger vos expirations vous calmera, vous concentrera et vous apaisera. Une fois que vous avez allongé vos expirations, prenez une respiration en vous disant « Tout ira bien ».
5. Utilisez du soutien
Le premier soutien doit venir de votre professeur. N’oubliez pas que vous allez lui demander de l’aide, n’est-ce pas ? Mais vous pouvez également bénéficier d’accessoires supplémentaires, comme un mur, des coussins* et des couvertures. Si vous avez peur de faire Shirshasana, restez contre le mur sans vous sentir coupable de ne pas être au milieu de la pièce ! Si vous avez peur de tomber sur le visage en Bakasana, placez un tas de coussins sur le sol devant vous.
6. Ne restez pas longtemps
Ne restez pas longtemps dans les postures qui vous font peur. Rester trop longtemps dans des situations stressantes augmente généralement l’aversion. Essayez de rester pendant une ou deux respirations : cela vous donnera confiance en sachant que vous pouvez faire la posture. Si vous savez que vous n’allez faire la posture que pendant quelques respirations, vous serez beaucoup plus disposé à la refaire.
7. Recommencez
Recommencez les postures qui vous font peur, pendant de brèves périodes et avec un soutien approprié. Plus vous évitez les postures qui vous font peur, plus l’aversion pour ces postures augmente. Au lieu de cela, recommencez les postures avec un soutien adéquat aussi souvent que possible. Cette exposition répétée – et la réussite des postures – vous aideront à relâcher votre peur.
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